Sensationnelle victoire d’Eugène Nazarchuk au Tournoi de Printemps !
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Dans sa partie de la dernière ronde, Eugène n’a rien laissé au n’ hasard. Il faut dire que le grand favori du tournoi, Sylvain Carré, 2158 élo FIDE, n’était guère à l’aise à ce rythme ni rapide, ni lent, et avait tout à perdre face à un jeune aux dents longues en pleine progression. Eugène, le Champion de Savoie 2013-2014, est largement sous-classé avec son jeu profond et limpide. Son bras n’a pas failli quand son adversaire a douté, et son avance à la pendule lui a permis de mener à terme son opération chirurgicale.
Par contre, nous n’attendions pas Nathan Bouvet à la 3e marche du podium, même si nous avions remarqué à l’école d’échecs ses formidables capacités de calcul : il n’a pas son pareil pour résoudre des combinaisons en temps chronométré. En tout cas, sa victoire de la dernière ronde face à Olivier Gollnick, 1838 élo FIDE, restera dans les annales. Avec 660 pts élo de différence, c’est un peu comme si l’auteur de ces lignes battait le Champion du Monde Magnus Carlsen ! Même en rêve, c’est difficile à imaginer.
Il vole un peu la vedette à celui qui fit un tournoi exemplaire à plus d’un titre et qui jouait, comme Eugène, la première place dans l’ultime ronde, Konogan Berger. L’espoir tricolore revient enfin en forme après une traversée du désert de quelques mois.
Invaincu jusque dans l’ultime ronde, L’espoir aixois des pupilles avait deux pions de plus face à la tête de série n° 2 Baptise Menard et sa formidable concentration a pendant longtemps maintenu la balance. Mais les capacités tactiques de son adversaire liées à la pression du temps lui ont été fatales. On gardera néanmoins en mémoire son partage du point face à un 1908 élo, Damien Marigny, dès la première ronde, et son parcours sur les premiers échiquiers dans les rondes suivantes.
Le modeste minime Alexandre Ascenci poursuit, sans bruit, sa progression méthodique. Il a été de toutes les rencontres cette année, en nationale 4 adultes comme en nationale 3 jeunes. Sa bonne humeur et sa gentillesse en font un grand frère pour les petits et un sparring partner idéal pour les grands, notamment son grand ami Gérard Olkowicz. Vainqueur dans la 5e ronde de l’un des cadres les plus actifs de Chambéry, Nicolas Bregnac, il retirera de cette épreuve une caisse de points élo. Mais c’est toujours avec son air bienveillant qu’il regardera passer devant lui le météore Gabriel, 3 points et demi sur 5 possibles !
Les petits entrent dans la danse.
Car les bonnes surprises aixoises se poursuivent, surtout si l’on regarde du côté des Lilliputiens. Gabriel est le plus en vue actuellement. Sa participation au championnat de France des jeunes l’a littéralement transformé et, du haut de ses 6 ans, il toise la position d’un regard calme et lucide. Le petit bonhomme ne s’est incliné qu’une seule fois face au géant de Chambéry, Baptiste Menard (2005 élo). Dans cette partie, que nous avons examinée, Gabriel réinvente la roue – en l’occurrence la défense Alekhine – et se met à jouer « théorique » pendant une dizaine de coups, sans avoir aucun acquis préalable de la position !
Même constat chez Lisa Costa, qui remporte le premier prix féminin, toutes catégories confondues. La minuscule petite fille de 7 ans, qui revient elle aussi du Championnat de France où elle connut son heure de gloire en pointant en tête au bout de trois rondes, est solidement encadrée : devant elle la Minimette Alya Bouchenfra excelle en tactique et progresse à grands pas, tandis que, dans son sillage, nous découvrons ces derniers mois une nouvelle perle aixoise : la petite Ghizelène, 6 ans.
Ghizelène adore jouer aux échecs sans ce soucier du résultat. Ces parents me disent qu’elle est toujours impatiente d’aller au club d’échecs, et qu’elle s’en réjouit même la veille. La petite élève de grande section de maternelle de l’école du Centre marque 2 points et signe, déjà, une performance élo à 1328 ! Gabin Davenel et Isidore Billard, 6 ans chacun, ferment tous les deux la marche des bébés échecs. Outch ! Ça va faire mal tout ça, très mal, je vous le dis …
Blagues de potache.
Un tournoi avec de jeunes enfants apporte bien sûr son lot de farces et de franche rigolade. Leur créativité – et leur crédulité – n’ont pas de limite. On ne s’ennuie jamais. La liste d’anecdotes pourrait être sans fin, on se contentera donc de celles que j’ai vécues.
- Jean-Pierre, je joue contre Trin Pierre! claironne Ramy, 9 ans. C’est qui ?
- C’est moi. On joue ensemble.
- Mais tu t’appelles pas Trin Pierre ?
- Si. Trin Pierre Mercier. Regarde ta petite soeur, elle s’appelle Ghizelene, mais cela ne se prononce pas comme ça s’écrit.
- Alors, on joue ensemble ? Mais tu vas me battre ??
- Ben oui.
(…)
Deux charmantes petites filles m’approvisionnent en vol pendant une analyse de partie en me tendant un gobelet. La friandise est bizarre, je la refuse dans un premier temps. - Si, prends-en, me dit Mylan. On a mélangé trois bonbons tendres.
- Beurk. C’est pas propre.
- Si, on s’est bien lavé les mains, ajoute Agathe.
Bien, je goûte le bonbon maison, tout a l’air OK. Tandis que je le mastique finalement en proposant des coups sur l’échiquier, les deux gamines me regardent par en dessous, comme une bête curieuse, et sans rire le moins du monde. - Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- On a mis de la Patafix dedans.
Me voilà soudain promu en Michael Jackson chauve, Avec un large sourire forcé, une moon walker improvisée me propulse dans les WC où je plonge directement la tête dans la cuvette. Renseignements pris, je fus la seule victime de la blagounette qui aurait pu mener plus d’un enfant aux urgences. Alors, c’est qui le plus crédule ?